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Le papier est la nouvelle arme de la guerre contre les migrants

Le matériel de pointe, les clôtures et les troupes sont autant d’éléments importants de l’arsenal déployé par l’Europe dans sa guerre contre l’immigration. Mais ce sont les traités, les accords et les pactes qui sous-tendent la stratégie de l’Europe – les armes de papier.

Un droit (pas si) fondamental : le droit à la terre à Mayotte, France

France, le gouvernement entend réviser la Constitution et abolir le jus soli&nbsp ;(citoyenneté territoriale) dans le département de Mayotte uniquement.

Cela ne tombe pas du ciel. Cet archipel de l’océan Indien, cédé à la France en 1841 et département à part entière depuis 2011, et où vivent aujourd’hui plus de 300 000 personnes, a fait l’objet de mesures similaires à plusieurs reprises. Le département le plus pauvre de France est considéré comme « trop attractif », notamment pour les migrants des îles voisines des Comores, situées à quelques dizaines de kilomètres.

En France, un enfant né de deux parents étrangers obtient automatiquement la nationalité française à l’âge de 18 ans, à condition d’avoir vécu dans le pays pendant une période cumulée de cinq ans à partir de l’âge de 11 ans. Mais, comme le rappelle Esther Serrajordia explique dans La Croix, une loi de 2018 ajoute une condition supplémentaire : au moment de la demande, un enfant né à Mayotte doit désormais « justifier que l’un de ses parents se trouvait légalement sur le territoire français depuis au moins trois mois au moment de sa naissance ».

Le gouvernement entend ainsi rendre impossible l’acquisition de la nationalité française pour les enfants de parents étrangers récemment installés à Mayotte ou disposant seulement d’un visa touristique comme l’ont fait Adel Milani et William Audureau observent dans Le Monde. Mais les défenseurs de la mesure peinent à convaincre les experts.

« Mathématiquement, il est difficile d’accorder du crédit [au ministre français de l’Intérieur] Gérald Darmanin lorsqu’il affirme que la suppression du droit au séjour régulier à Mayotte constituerait « une résolution majeure » des problèmes et aurait pour effet de « réduire de 90% le nombre de titres de séjour » », expliquer les professeurs de droit Marie-Laure Basilien-Gainche, Jules Lepoutre et Serge Slama, toujours dans Le Monde. Ils soulignent que le taux d’étrangers devenus français grâce au jus soli est légèrement inférieur à Mayotte à la moyenne nationale. « Le droit de la nationalité n’a donc pas d’effet d’attraction. Il n’explique pas les chiffres de l’immigration clandestine », affirment-ils.

« Qui peut vraiment croire [que la mesure] va résoudre les problèmes de Mayotte ? », écrit Claire Rodier dans Alternatives Economiques. Selon cette juriste, la mesure ne ferait qu’aggraver la situation précaire des enfants nés dans l’archipel, sans freiner les départs. « À Mayotte, […] le PIB reste sept fois supérieur à celui de ses pairs comoriens, grâce aux subventions de l’État », note-t-elle. L’île restera toujours « attractive » en raison de l’anomalie historique qui en fait un territoire français. La solution ne réside donc pas dans la répression ».

Le nouveau sous-traitant de l’UE : La Mauritanie

Suite à l’accord conclu avec la Tunisie Tunisie en 2023, l’UE Union européenne veut maintenant mettre en place un partenariat avec la Mauritanie. L’un de ses objectifs sera de freiner les migrations en provenance du nord-ouest de l’Afrique.

Ursula von der Leyen et du premier ministre espagnol Pedro Sánchez, n’ont pas encore été finalisés. Cependant, il semblerait que le paquet d’aide de l’UE fournira 210 millions d’euros d’ici fin 2024, qui seront alloués à la gestion des migrations, à l’aide humanitaire, à l’investissement dans l’emploi, etc…

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Le partenariat intéresse particulièrement l’Espagne, compte tenu de la forte hausse des arrivées d’exilés mauritaniens aux Canaries début 2024. « Rien qu’en janvier, sur les plus de 7 200 personnes qui ont atteint les îles par cette route maritime risquée, 83% venaient de Mauritanie », souligne Carlos E Cué pour El País.

Il s’agit d’une approche pragmatique dont les dérives potentielles ne sont un secret pour personne. « Dans cette stratégie, l’UE suppose que [les pays partenaires] réprimeront l’immigration de manière sévère et sans respect particulier des droits de l’homme, l’objectif politique fondamental étant que l’immigration n’atteigne pas les côtes européennes ou les clôtures de Ceuta et Melilla« , explique M. Cué. « Les dirigeants européens acceptent le coût de ce type de solution externalisée aux crises migratoires, qui a commencé avec les accords accords avec Turquie. »

La gestion des départs vers les îles Canaries devient encore plus difficile lorsqu’on y ajoute la délicate question de savoir comment les différentes régions autonomes d’Espagne vont traiter les exilés, explique Joaquín Anastasio pour La Provincia.

La Provincia.

Anastasio caractérise l’accueil des personnes arrivant aux Canaries et dans d’autres régions frontalières espagnoles comme « un problème de gestion dans lequel chaque communauté autonome regarde ailleurs, l’État n’étant pas en mesure de remédier à la situation ».

La Provincia, pour sa part, est l’une des plus importantes associations de défense des droits de l’homme en Espagne. de nombreux mineurs – est devenue un casse-tête administratif. Comme le souligne Anastasio, le risque est donc que la migration soit à nouveau utilisée comme une arme politique, mais cette fois à l’intérieur même d’un pays. Les décisions prises à Bruxelles, Paris ou Madrid peuvent avoir des effets considérables.


Sur la migration et l’asile

« Eurowhiteness » : Le tournant civilisationnel de l’Europe

Hans Kundnani | Green European Journal | 4 décembre 2023 | FR

Au cours des dernières années, l’Europe a connu un changement d’identité qui a affecté à la fois la gestion des migrations et la géopolitique. Cela a ravivé la question du lien supposé entre l’Europe et la couleur de peau, comme l’explique le chercheur et auteur Hans Kundnani dans son livre « Eurowhiteness : Europe’s Civilisational Turn ».

Fabrice Leggeri, l’ancien directeur de Frontex devenu membre du Rassemblement national français

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Julia Pascual, Jean-Pierre Stroobants et Corentin Lesueur | Le Monde | 19 février 2024 | FR

Fabrice Leggeri, l’ancien directeur de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex, a annoncé le 17 février qu’il serait candidat pour le Rassemblement national, parti d’extrême droite, aux prochaines élections du Parlement européen. Il a été contraint de démissionner en 2022 après une enquête sur sa gestion de l’agence et « son consentement au refoulement illégal de demandeurs d’asile ».

Traduit par Harry Bowden

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